Premier contact avec Mathilde pour son projet d’accouchement à domicile…
Le 13 août, je reçois un message de Mathilde qui veux savoir si je serai partante pour un reportage d’accouchement à domicile. Je vous laisse imaginer ma réponse ! un grand OUI !!!
Par contre, j’ai besoin de la connaitre (le coté humain est primordial pour moi) et j’avais besoin d’en savoir plus sur cette petite famille à travers ces mots à elle, ainsi que de savoir ces attentes par rapport à ces images.
Elle me parle d’elle, de son travail (petite parenthèse : elle fabrique des cosmétiques à partir de produits naturels comme des huiles essentiels alors n’hésitez pas à la contacter via ce lien : https://nature-et-sens.eu ), de son conjoint Dorian, de son petit loulou Owen 2 ans, de son premier accouchement qui ne s’est pas très bien passé et de son projet d’accoucher à domicile. Pour elle : ” le corps humain est fait pour l’accouchement et tout doit bien se passer”.
Le jour J approche…
Depuis son premier message, je me suis préparée matériellement parlant, psychologiquement et physiquement (enfin presque…)
Mon matériel est tout le temps prêt. Après chaque séances d’autres clients, je me dépêche de sauvegarder leurs images sur mon ordinateur et de remettre à charger mes batteries. Et tous les jours, est une sacré organisation pour gérer mes 2 enfants et mon planning professionnel si je dois partir en urgence.
Psychologiquement, là c’est un peu plus dur. Après l’euphorie de ce nouveau projet, j’en parle autour de moi tellement je suis enchantée de pouvoir y participer. J’entends beaucoup de “oh ! mais si cela se passe mal ?”, “c’est quand même risqué !”, “imagine cela se passe mal” etc… Et tout ceci me stress un peu car je n’avais pas vraiment penser à ce coté là. Je continue a discuter quasiment tous les jours avec Mathilde, pour prendre de ces nouvelles et je me rends compte, qu’elle sait ce qu’elle fait, qu’elle a beaucoup lu de livres, pris des informations et qu’elle s’est bien entourée de personnes qualifiée pour ce projet. Pourtant il a été impossible pour elle de trouver une sage femme qui voulait bien la suivre dans ce projet car tout ceci ne rentre pas dans le protocole normal.
Physiquement, c’est une autre histoire. Je suis épuisée, je continu à gérer mes mariages et autres séances comme naissances, grossesses et familles en parallèle. Je dors mal, très mal, j’ai mon téléphone en permanence à côté de moi. La nuit, je me réveille très souvent en sursaut et en stress d’avoir loupé son appel.
C’est le jour J…
Le temps passe, et on perds un peu espoir que son bébé pointe le bout de son nez et Mathilde à très peur de devoir aller à la maternité, qu’il la garde et de ne pas pouvoir mener au bout son projet…
Le 6 septembre, 11h06 : message de Mathilde. Les contractions ont commencées ! on y est ! Ce jour tant attendu arrive enfin !
Je suis en stresse, je suis à 40 minutes de route du studio et je dois y repasser car je n’ai pas pris mon matériel. J’abrège tout ce que j’étais en train de faire. Sur la route du studio, je réfléchis à ne rien oublier, à gérer l’organisation des mes enfants. On respire… tout va bien se passer… Mais je me dépêche quand même car malgré les 40 minutes pour retourner au studio, j’ai 1h10 de route pour arriver chez Mathilde et ces contractions sont passées de 25 minutes d’espacements à 11h06, à 9 minutes d’espacement à 11h15… je suis en stresse de ne pas arrivée à temps…
Arrivée chez elle vers 13h30, c’est Dorian qui m’ouvre la porte. Il m’explique qu’elle est à l’étage en train d’endormir leur petit garçon pour sa sieste et que ces contractions se sont calmées. On discute, de tout, de rien, Dorian est calme et confiant. Mathilde redescend et on se mets à discuter. Un fois son petit bonhomme endormi, les contractions se sont intensifiées, comme si son corps écoutait sa tête. J’essaye de moins parler pour qu’ils se mettent dans leur bulle et ne pas interférer dans ce qu’il va se passer.
Mathilde gère sa douleur, tout en se souciant de moi avec un calme inouï. Est ce que j’ai faim ? que j’ai soif ? tout va bien pour moi ?
Elle décide d’aller dans la baignoire, l’eau chaude l’aide à supporter les contractions. Dorain l’aide comme il peut pour soulager sa douleur, Owen s’est réveiller de la sieste, joue et regarde la télé. Je m’occupe un peu d’Owen pour que Dorian soit à 100% avec Mathilde.
Les contractions se suivent et le travail avance doucement. Peut être serait elle mieux dans son lit ? mais la douleur est trop vive. Elle souffre sous mes yeux, Dorian est avec Owen, elle a froid. Je ne peux pas rester sans rien faire, j’ai cette maman sous les yeux qui à mal et qui grelotte de froid, je peux pas faire grand chose pour l’aider mais je dois faire quelque chose. Je cherche dans ces placards pour trouver quelque chose. Un plaid ! cela fera bien l’affaire ! je l’emmitoufle de cette couverture et je frotte pour la réchauffer un peu. Elle prends la décision de retourner dans son bain. Le temps passe est sa puce n’est toujours pas décider à arriver.
Je suis dans un petit coin de la salle de bain pour ne pas la déranger, l’observe en essayant de comprendre ce qu’il se passe dans son corps car ayant eu 2 césariennes, et je ne connais pas tout cela. Quelle force d’encaisser cette douleur ! Je la vois souffrir sous mes yeux sans rien pourvoir faire, je vois Dorian courir entre elle et Owen qui réclame de l’attention car il ne comprends pas tout ce qu’il se passe. Je lui glisse 2 mots d’encouragement mais je suis maladroite, je ne sais pas trop quoi lui dire, j’ai les larmes aux yeux ! mais j’essaye de me contenir, Peg, retiens toi, ne laisse pas transparaître ton angoisse et ton inquiétude, reste calme. La petite ne veux toujours pas s’engager et ne descends pas. Elle s’inquiète de plus en plus et moi aussi.
Je dis à Dorian que je vais m’occuper d’Owen un petit moment pour qu’il soit à 200% avec Mathilde et qu’ils puissent se retrouver tous les 2. Peut être que ma présence l’empêche de lâcher prise ? et que c’est ce qui bloque la descente de la petite ? Je pose mon appareil photo, je dis à Dorian de m’appeler dès que le travail avancera et je file vers Owen.
Je ne suis pas du tout sereine, tous les “oh ! mais si cela se passe mal ?”, “c’est quand même risqué !”, “imagine cela se passe mal” me reviennent en tête… Que faire ? appeler les pompiers ? Laisser Mathilde et Dorian gérer ? j’ai peur pour elle et son bébé ! je sais pas ! je suis perdue ! et si il se passe quelque chose, je m’en voudrai toute ma vie de ne rien avoir fait ! je suis pas sage-femme mais photographe ! mais Mathilde ne lâche rien ! elle y arrivera ! c’est battante ! elle m’impressionne !…
Elle arrive…
Dorian revient me voir tel Flash Gordon avec sa vitesse légendaire (sans le costume évidement) et me dis que la tête est là ! j’y retourne et le temps d’arriver auprès de Mathilde, Julia était dans ces bras et il est 23h19.
Un tout petit bébé de quelques secondes était dans ces bras. Dorian tombe à genou de soulagement au bord de la baignoire. Je crois que j’aurai fait pareil si je n’étais pas en train de faire des photos de ce moment.
Mathilde découvre sa pitchounette. Lui caresse le visage mais le bébé ne réagit pas. Elle la prends sous les épaules et essaye de la stimuler. Je me dis en moi même “non pas çà !”. Je prie en moi même (même si je ne suis pas croyante) pour entendre Julia ou voir un mouvement. Pas çà ! pas après ces heures d’angoisse, de souffrance ! Ce moment à durer quelques secondes mais il m’a parût une éternité ! et enfin Julia à pousser son premier cri (et moi aussi en moi même de soulagement).
Elle va bien, Mathilde aussi ! La maman et le bébé sortent du bain, se blottissent l’une contre l’autre dans le lit et commence un long et tendre peau à peau. Mathilde n’a toujours pas expulser le placenta. Julia est toujours reliée à sa maman. Les contractions recommencent et sont beaucoup plus douloureuses. Le placenta est expulsé. Mathilde se lance dans son observation pour être sûr qu’il y ai rien d’anormal. Elle laisse Julia accrocher en attendant que le sang est terminé de passer dans le cordon pour pouvoir le couper.
Mathilde va prendre une douche, Dorian prends le relais pour le peau à peau. Elle revient avec un joli culotte jetable avec son filet et un paréo ( la classe !), elle plaisante, c’est qu’elle va bien.
Il est temps pour moi de les laisser profiter de ce moment car ils ont besoin de se remettre de leur émotions et de se reposer. Et pour moi aussi ! quel soulagement ! tout s’est bien passé ! Mathilde tiens à avoir une photo de moi avec sa puce dans les bras avant que je parte et qu’elle émotion pour moi d’avoir ce bébé dans les bras et d’être la première à faire sa connaissance après ces parents et son frère, je peux rentrer chez moi le cœur léger, épuisée, soulagée et émue aux larmes d’avoir partager ce moment avec eux ! J’ai un mariage le lendemain, il faut pas que je traine pour sauvegarder mes images et remettre à charger mes batteries pour le lendemain.
La route à été longue et fatigante pour rentrer et j’ai dormi comme un bébé ! C’est certain que le réveil à été dur et je me suis même demander si ce n’étais pas un rêve… mais non : J’ai vu naître Livia !